Conseil municipal : Georges contre les cambrioleurs ou les tribulations de TARTARIN DE TARASTRON
Tout commence par une pas très banale affaire de cambriolages…
Alors que le petit quartier de Champrosay avait subi en l’espace de quelques jours une vague sans précédent de 26 cambriolages, le maire avait brillé par une glorieuse absence. L’adjoint à la sécurité, vraisemblablement trop occupé à décoller les affiches des opposants en cette période préélectorale, n’était parvenu une fois de plus à s’illustrer que par sa bruyante inefficacité.
C’est dans ces conditions que l’Association Draveil Villages prit l’initiative d’informer de la situation tous les Champroséens par un petit papier dans les boites aux lettres et les inviter à la plus grande prudence.
Consciente que son inertie devenait pesante, la mairie se crut alors obligée d’organiser sur le quartier une réunion. Seules y furent conviées les victimes des cambriolages. Un cerbère ministériel, policier à ses heures, planté à l’entrée de la salle, interdisait aux habitants épargnés par les cambriolages d’entrer ; à l’évidence, l’exercice de concertation visait davantage à amadouer les victimes qu’à réunir les riverains pour trouver des solutions de quartier. Personne ne peut, en effet, soutenir qu’il faille obligatoirement avoir été soi-même victime d’un cambriolage pour se préoccuper de la sécurité de sa maison ou de son entourage.
Après une enquête serrée, la police de Draveil dont on connait le sérieux et le professionnalisme, finit par arrêter les auteurs présumés de ces faits délictueux.
C’est là que Tartarin entre en scène
c'est moi
L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais voilà, à Draveil, la ville où Alphonse Daudet séjourna, il n’est pas anormal qu’on nous serve un nouvel épisode des aventures de Tartarin, ce personnage ridicule qui, se piquant d’être grand chasseur de fauves, tua un âne en pensant tuer un lion.
Lors du conseil municipal du 3 mars, l’inéfable Georges Tron se livra une fois encore à ce pesant récit qui assomme à coup sûr son auditoire captif mais pour lequel il prend autant de plaisir à perrorer qu’à se regarder parler.
Comme dans toutes les mauvaises comédies, il avait, pour la circonstance, téléguidé une malheureuse élue de la majorité, plus habituellement muette : la question « spontanée » lui donnait le prétexte de lancer son épique narration.
Rouletabille et son pagnolesque adjoint
En quelques minutes, il revisita le dossier et en fournit une version haute en couleurs.
Il raconta comment, devant l’inertie (prétendue) de la Police Nationale, lui, Georges Tron, du haut de son piedestal, n’écoutant que son dévouement, mettant son intelligence de la plèbe, décida d’intervenir personnellement. Il relata avec quelle détermination il prit l’initiative de fondre sur ce dossier brûlant. C’est dans ces conditions que flanqué de son limier d’occasion, le pagnolesque Richard Privat, notre rouletabille expatrié du XVI ème arrondissement déboula sur la scène du crime.
Première constatation d’importance de la fine équipe : après mûre réflexion, ils parvinrent –quel exploit (!)- à déterminer l’heure des forfaits. Le maire avec le sérieux indispensable pour ménager un insupportable suspens, n’en dira pas davantage : il y a des secrets que seules des spécialistes peuvent supporter. [Notons au passage aux amateurs de tuyaux crevés de ce type que Draveil-Villages avait depuis plusieurs semaines prévenu tous les habitants que les cambriolages avaient lieu entre 18 h00 et 20h00.]
Deuxième révélation du narrateur décidément très inspiré : pour résoudre l’énigme qui lui était soumise, l’équipe municipale dut se métamorphoser en véritable « profilers » et peut-être même -parce que le feuilleton est à la mode- en « mentalists ». Ils déterminèrent donc le profil des malfaiteurs, leurs habitudes et leur mode opératoire. Selon le conteur poudré de cette farce, la perspicacité de nos Sherlock Holmes de supermarché finit par payer puisque, malgrè l’incurie (prétendue) de la police, les cambrioleurs furent arrêtés ou identifiés.
Les observateurs avertis s’étonneront de deux faits et se poseront une question de fond:
- Comment se fait-il que notre maire-détective, si perspicace, si prompt à résoudre les énigmes les plus mystérieuses, ait mis plusieurs mois à s’apercevoir qu’il s’était adressé à la famille Le Pen pour son hébergement sur Draveil ? (Entre nous, qui peut croire qu’un locataire ne connaisse pas l’identité de son propriétaire ?)
- Pourquoi le maire oublie-t-il de signaler que, s’il y a désorganisation du commissariat, il en est le principal artisan pour avoir fait limoger pour des raisons de convenances personnelles la très efficace Commissaire de Police ?
- Mais surtout, est-ce la vocation d’un conseil municipal d’être le lieu où, pour régler des comptes personnels, un maire (par ailleurs ministre de la Fonction publique) met directement en cause des administrations ou des fonctionnaires sans que ceux-ci ne puissent répondre ?
Personne ne sera dupe de ce comportement qui témoigne d’un étrange sens du respect des institutions et tout simplement du respect d’autrui.
Les nigauds eux continueront à croire avec lui qu’au Commencement, Georges Tron créa le ciel et la terre….
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Mesdames et Messieurs (…) le document sonore des aventures de Tartarin narrées par son auteur…
Georges Tron – Conseil Municipal