Hier soir se tenait à la Rochelle une conférence ayant pour thème « Libertés et sécurités dans un monde dangereux ». Commençant par une autocritique, les différents intervenants ont reconnu le retard qu’avait pu connaître le PS sur ces questions. Pour Jean-Paul Jean, avocat général à la cour d’appel de Paris, les socialistes ont été influencés par le modèle blairiste « dur avec le crime, dur avec les causes du crimes », « comme si la Justice pouvait régler tous les problèmes… ». Pour Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national à la sécurité au PS, il faut revenir à la période où le « PS était précurseur sur ces questions, comme en 1981 avec le rapport de Gilbert Bonnemaison ».
Force est de constater que le PS dispose aujourd’hui d’interlocuteurs pertinents sur ces questions. Le premier d’entre eux, J.J Urvoas, souhaite que les socialistes « revendiquent la question politique de la sécurité ». Dénonçant le « strabisme répressif de la droite », il a invité la gauche à « construire un système social de prévention précoce », à « donner la priorité au secteur public dans la lutte contre la délinquance » et enfin à « territorialiser et fidéliser les forces de police pour réhabiliter l’esprit de département ».
Abdelhak Kachouri, maire-adjoint chargé de la sécurité à Saint Ouen, a exhorté ses camarades socialistes à dépasser la question « du retour de la police de proximité, qui ne réglera pas tous les problèmes ». Il a notamment prévenu « [qu']une nouvelle forme de radicalisme et d’intégrisme avait émergé (…) Je ne peux plus me déplacer seul dans les quartiers où j’ai vécu. Il faut davantage de formation et de moyens, il y a une méconnaissance totale des sociologies des quartiers actuellement ».
Sur une autre question cruciale, cette fois posée par Jean-Vincent Placé, celle des drogues douces, là aussi le PS semble avoir évolué. Le député Dominique Raimbourg, spécialiste des questions de libertés publiques au PS, pense qu’il s’agit du « meilleur moyen pour assécher les économies souterraines dans les quartiers », et de citer l’exemple des Pays-Bas, où le cannabis est dépénalisé, et qui se retrouve aujourd’hui avec « le taux de consommation le moins élevé d’Europe ». Daniel Vaillant, qui travaille pour l’Assemblée Nationale à un rapport sur le sujet, semble également s’orienter vers cette solution. Quant à Manuel Valls, même s’il préfère rester « prudent », il défend « l’ouverture d’un débat public » sur le sujet.
Les lignes bougent et évoluent. Le Parti Socialiste et Europe Écologie semblent peu à peu se rapprocher sur ces questions, même si la dépénalisation ne fait pas encore l’unanimité chez les socialistes. D’un côté comme de l’autre, les positions des élus locaux semblent de plus en plus à même d’influer la ligne de leur parti. Et si la gauche était en train de réaliser son Bad Godesberg ? Faire de la sécurité un thème de gauche en 2012, voilà en tous les cas l’ambition affichée.